L’intelligence artificielle et les FinTech, une révolution sur le marché du financement des entreprises ?
Posté le 2 mai 2017, par Alain Deza et Oswaldo Reyes
Posté le 2 mai 2017, par Alain Deza et Oswaldo Reyes
La mutation digitale vécue aujourd’hui par le secteur financier passe par un grand nombre d’innovations qui affectent directement le mode de fonctionnement des entreprises et en particulier la relation client. L’anticipation des besoins est devenue un point crucial pour les établissements financiers qui peuvent analyser de plus en plus finement et efficacement les comportements afin de proposer des produits et services adaptés, au bon moment. Dans cette course à l’acuité commerciale, l’intelligence artificielle offre des possibilités multiples et prometteuses dont se sont emparées les FinTech.
Toutefois le principal obstacle à leur essor n’est plus aujourd’hui de persuader les investisseurs du bien-fondé de ces agitateurs, mais plutôt de convaincre les entreprises de faire confiance à ces nouveaux canaux de financement. Nouveaux entrants, FinTech, GAFA, opérateurs télécom… les banques sont soumises à des pressions multiples qui les obligent à revoir leur modèle opérationnel, leur organisation et leurs offres.
Comment le marché s’est-il transformé avec l’arrivée de ces nouveaux acteurs ? Quelle place occupent-ils actuellement dans la chaîne de valeur et comment peuvent-ils la faire évoluer ? Et enfin quels bénéfices les entreprises tireront-elles de cette digitalisation de l’industrie de la finance ?
Dans la zone euro, l’encours des crédits aux entreprises enregistré à fin avril 2016[1] était de 4,3 milliards d’euros. La France à elle seule en détient 21 %, dont 70 % liés à l’investissement et 24 % à la trésorerie.
D’après un sondage de la BCE[2], les PME en zone euro ne considèrent pas aujourd’hui « l’accès au crédit » comme un obstacle au développement de l’activité. Leur principale préoccupation reste la recherche de nouveaux clients. Elles ont principalement besoin de ces crédits pour leur investissement en immobilisations et leur besoin en fonds de roulement. Elles confirment encore une augmentation de la disponibilité des crédits bancaires (prêts et découverts), et la volonté des banques à procurer les crédits à un taux d’intérêt plus faible.
Néanmoins, cette vision agrégée de l’ensemble de la zone euro cache des disparités selon les pays.
L’arrivée des nouvelles technologies dans le secteur bancaire date du début des années 2000 avec notamment les offres de banques en lignes, fruits de l’essor de l’Internet. Mais récemment, l’innovation technologique s’est étendue à tous les métiers de la banque et de la finance, permettant à de nouveaux acteurs d’émerger.
La FinTech est généralement définie comme une entreprise innovante qui propose des services financiers s’appuyant sur de nouvelles technologies dont la plus porteuse de disruption est certainement l’intelligence artificielle. A cela s’ajoute l’analyse de la donnée avec l’explosion du Big Data, l’automatisation des tâches et le traitement du langage. Aujourd’hui, la combinaison de ces technologies avec le Machine Learning, l’apprentissage des erreurs et les systèmes cognitifs permet aux Fintech de s’intéresser à la façon dont les clients utilisent et investissent leur argent dans le but de fournir des conseils financiers personnalisés et plus appropriés. Elles viennent agiter un écosystème historiquement stable où les banques traditionnelles sont maîtresses. Elles prennent plusieurs formes :
Les FinTech se sont principalement positionnées sur le transfert d’argent et les paiements, et, selon un rapport de McKinsey[3] basé sur environ 350 FinTechs parmi les plus connues au monde, seulement 10 % seraient positionnées dans le financement des entreprises, dont 90 % sur des PME et 10 % sur des grandes entreprises.
Les FinTech dédiées au financement des entreprises sont peu nombreuses en France. En effet, sur les 57 FinTechs regroupés au sein de l’association « France FinTech », 13 seulement (soit 23 %) s’inscrivent dans le financement des entreprises, principalement par des prêts participatifs et d’investissement en Equity. Deux autres FinTechs permettent de financer des factures clients, et une dernière permet un financement par un système de troc de services entre entreprises.
Même si leur percée médiatique est très importante, il convient de bien noter la contribution toute relative des FinTech en France. En effet à ce jour, avec 106 M€ (32 M€ en prêts rémunérés, 24 M€ en obligations, 50 M€ en capital), le financement des entreprises par les FinTech ne représente que 0,04 % du total des prêts effectués par les banques[4].
Une banque est un établissement de crédit qui produit des services bancaires, en fait le commerce, et commercialise d’autres services financiers. Selon McKinsey4, les banques dans le monde tirent entre 15 % et 20 % de leur chiffre d’affaires du financement des entreprises.
Le modèle économique du financement des entreprises se base sur une distribution des services via un réseau physique d’agences bancaires, et un spread qui se traduit dans le produit net bancaire (PNB). Un rapport du World Economic Forum[5], décrit les caractéristiques du modèle bancaire traditionnel:
A l’avenir, des facteurs externes[6] tels que ceux mentionnés ci-dessous impacteront la stratégie des banques et leur niveau de prise de risque :
Augmenter l’efficacité opérationnelle : les banques pourraient développer des canaux de distribution multiples selon les services procurés. Ainsi, certains produits seraient proposés via le réseau des agences, et d’autres produits via des plateformes digitales
Les banques traditionnelles deviennent aujourd’hui conscientes du caractère disruptif des FinTech et de la nouvelle concurrence qu’elles représentent sur le marché. Les clients, en quête d’agilité, de rapidité et d’adaptabilité, recherchent de nouveaux critères que les banques ne sont pas toutes en mesure de proposer à l’heure actuelle. L’agilité devient le nouveau défi à relever pour les banques traditionnelles si elles veulent rester dans la course sans se laisser distancer par les FinTech. Les nouvelles technologies, au premier rang desquelles l’intelligence artificielle, sont l’une des clés pour s’attaquer à ce nouveau challenge.
[1] ECB Statistical Data Warehouse
[2] Survey on Access to Finance of Enterprises in the euro area
[3] Cutting through the FinTech Noise – Mckinsey
[4] Baromètre du Crowdfunding en France réalisé par CompinnoV pour Financement Participatif France – 2015
[5] WEF: The future of financial services
[6] Financial Stability Review, May 2016 – Special features (page 7).
Directeur Audit & Conseil
Manager Audit
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